Politique: la prochaine vie de Véronique Hivon

 

ENCORE + DE BELLES NOUVELLES AVEC UN ABONNEMENT À NOS PARUTIONS ICI >

10 mai 2022 - Les prochaines élections auront lieu le 3 octobre 2022. Plusieurs femmes ont décidé de ne pas briguer la confiance des électeurs cet automne. Au Parti québécois, Véronique Hivon a décidé de passer à un autre chapitre après 14 ans comme députée de la circonscription de Joliette. Isabelle Maréchal a rencontré cette femme charismatique pour parler de sa prochaine vie.

Véronique Hivon a porté des réformes importantes au cours des dernières années. Elle se retire de la vie politique. Photo tirée de son compte Instagram

Si j’avais un modèle à suivre en politique, ce serait celui de Véronique Hivon. Nous nous sommes croisées plusieurs fois sur des plateaux de télé et à la radio. J’ai eu le privilège de discuter de ses projets, de débattre de ses idées et chaque fois, cette femme m’a impressionnée par son humanité, sa passion et sa force tranquille. L’annonce de son retrait de la politique en a surpris certains, mais après plus d’une décennie de vie parlementaire, on comprend que Véronique veuille désormais être utile autrement. Voici les grandes lignes de ma conversation avec elle.

Isabelle Maréchal  

Véronique, lors de ton annonce, tu as exprimé ce besoin d’un espace de liberté et de normalité.

Oui, j’ai eu envie de faire un pas de côté, de vivre en dehors de la politique. La politique, c’est un univers où tout est très rapide. L’encre n’est pas sèche qu’on nous demande de réagir. Maintenir ce rythme, au quotidien, ça use. Je veux vivre en dehors de cette frénésie, même si elle est exaltante. Il s’agit d’une réflexion longuement mûrie.

« C’est un univers très rapide. Je veux vivre en dehors de cette frénésie, même si elle est exaltante. Maintenir ce rythme, au quotidien, ça use. » - Véronique Hivon, députée de Joliette

Ton legs politique est impressionnant et fait mentir ceux qui disent qu’on ne peut pas faire grand-chose dans l’opposition. Tu as aussi créé des tribunaux spécialisés en violence sexuelle et conjugale ; comme ministre déléguée aux Services sociaux et à la Protection de la jeunesse, en 2014, tu as pu changer la donne pour les gens de la rue. Les nombreux témoignages élogieux à ton endroit montrent à quel point tu as réussi un exploit rare en politique, celui de faire l’unanimité.

Je suis fière de cette première politique nationale en matière d’itinérance. C’était nécessaire et très important pour moi. Je pense avoir été utile en travaillant sur des réformes de fond comme la Loi sur les soins de fin de vie. Ça a été une source d’apaisement pour les gens. Ça fait une différence. J’ai été complètement soufflée par les témoignages et les éloges. Je ne m’y attendais pas. Ça surprend et ça fait chaud au cœur.

Aide médicale à mourir | « Notre recommandation centrale est de permettre, à la suite de l’obtention d’un diagnostic de maladie incurable menant à la perte d’aptitude, de formuler une demande anticipée d’aide médicale à mourir. » Véronique Hivon

On ne saura jamais si tu aurais pu changer l’histoire du PQ en devenant cheffe…

Être cheffe, ce n’était pas un rêve de petite fille. Mais sans ma labyrinthite au début de la campagne à la chefferie en 2016, j’y serai allée à fond. Je voulais incarner un autre type de leadership. J’y croyais. Ça a été un dur coup de ne pouvoir terminer la campagne. Mais je n’ai aucun regret face à ce rôle que j’aurais pu jouer.

Aux femmes qui hésitent à se lancer en politique, je dis « Allez-y ! » J’ai aimé chaque minute de ma vie politique. J’ai vraiment eu le sentiment d’être utile. C’est sûr qu’au début, la conciliation travail-famille, c’était souffrant. Mais on a fini par trouver notre rythme. Ma fille Iris, qui a 13 ans, n’a jamais connu une mère qui n’était pas en politique. Comme femme, j’ai vu la différence entre 2008 et 2022. Nous sommes désormais en zone paritaire. On n’est plus obligées de faire partie du boys club. C’est sûr que j’ai dû me battre pour qu’on respecte mon style. On m’a traitée de naïve et d’idéaliste, mais à force, je me suis imposée. La politique reste le meilleur moyen de changer les choses.

« Comme femme, j’ai vu la différence entre 2008 et 2022. Nous sommes désormais en zone paritaire. On n’est plus obligées de faire partie du boys club. La politique reste le meilleur moyen de changer les choses. » - Véronique Hivon, députée de Joliette

 

Tu restes en poste jusqu’aux prochaines élections. D’ici la fin de ta dernière session parlementaire, le 10 juin prochain, tu presses le gouvernement pour qu’il élargisse l’accès à l’aide médicale à mourir.

En effet. Nous avons effectué un travail transpartisan extraordinaire pour une réflexion actualisée sur l’aide médicale à mourir au cours de la dernière année. Dans le rapport que nous avons remis en décembre dernier, la recommandation centrale était de permettre, à la suite de l’obtention d’un diagnostic de maladie incurable menant à la perte d’aptitude, de formuler une demande anticipée d’aide médicale à mourir. Je souhaite fortement que le gouvernement agisse avant la fin de la session pour donner suite à cet important travail, mais surtout pour apaiser les personnes qui savent que le compte à rebours a débuté pour elles et qui espèrent pouvoir faire connaître leurs volontés avant de perdre leur aptitude.

Chère Véronique, en terminant, merci de nous avoir si bien représentés. Je te souhaite une prochaine mission à la hauteur de ton talent. Pour le moment, tes journées de députée sont toujours réglées au quart de tour. Ça changera au lendemain des prochaines élections, en octobre. Es-tu déjà sollicitée ?

J’ai déjà reçu plusieurs appels, mais je veux me donner le temps ; donc, pour le moment, je n’ai rien de prévu. Je veux faire quelque chose qui a une résonance sociale. En même temps, je souhaite trouver un meilleur équilibre entre action et réflexion.

ENCORE + DE BELLES NOUVELLES AVEC UN ABONNEMENT À NOS PARUTIONS ICI >

 
Isabelle Maréchal