À l’Université de Sherbrooke, une bourse genrée
10 décembre 2024 - Au début de l’été 2024, Jean-Patrick Brady, chargé de cours à l’École de politique appliquée à la Faculté des lettres et sciences humaines à l’Université de Sherbrooke, a rencontré Marie-Jeanne Eid, étudiante de 1er cycle au baccalauréat en études politiques appliquées, pour faire le point sur l’avancement de sujets de recherches. Au fil de la discussion, un sujet bien précis a émergé: la dimension genrée du leadership qui se manifeste entre autres par les disparités entre les femmes et les hommes lors les prises de paroles en classe.
Elizabeth Cordeau Rancourt
«Il y a sans doute des liens à faire entre la socialisation genrée et la façon dont les femmes interviennent dans les conversations et les débats dans les cours. La prise de parole n’est pas paritaire. Tout le monde est conscient de ce phénomène, mais personne ne sait comment y remédier. Je pense qu’il y a de la sensibilisation à faire et qu’il faudra trouver un juste équilibre pour créer un espace d’écoute. D’un côté, les hommes doivent être plus sensibles aux défis auxquels les femmes font face lorsque vient le temps de prendre la parole, et de notre côté, nous devons déconstruire l’idée que nous n’avons pas notre place dans le débat. Notre leadership représente une véritable valeur ajoutée», analyse Marie-Jeanne Eid.
«Il y a sans doute des liens à faire entre la socialisation genrée et la façon dont les femmes interviennent dans les conversations et les débats dans les cours. » - Marie-Jeanne Eid
Jean-Patrick Brady partage cet avis: «Je réfléchissais déjà à différents types d’initiatives orientées autour du leadership. L’idée m’est venue de créer une bourse qui serait réservée aux étudiantes et qui, de surcroît, s’adresserait uniquement à celles du premier cycle, puisqu’il y a beaucoup moins de programmes de bourses disponibles à ce niveau universitaire.» La bourse va récompenser une étudiante qui manifeste un leadership positif non seulement à l’université, mais également dans sa communauté. Ce leadership ne doit pas nécessairement être éclatant; il peut aussi être silencieux et rester fondamental. «C’est une façon de dire à cette étudiante: ton leadership fait une différence, il amène les autres à s’améliorer. Grâce à toi, la communauté dans laquelle tu évolues s’en trouve grandie», précise M. Brady. Un minimum de 1000 dollars par année, pendant cinq ans, sera remis à la récipiendaire. Pour l’instant, il s’agit d’un minimum, puisque l’objectif est de collaborer avec d’éventuels partenaires pour bonifier le montant. Un comité composé de professeurs de l’École de politique appliquée étudiera les candidatures et choisira les lauréates.
Lorsqu’est venu le temps de donner un nom à la bourse, celui de Marie-Jeanne Eid s’est imposé. L’étudiante est connue pour son leadership constructif et positif auprès de ses pairs. «Quand j’ai appris que la bourse allait porter mon nom, le sentiment d’imposteur s’est manifesté. En discutant avec mes pairs, j’ai réalisé que c’était un acte de leadership que d’accepter d’être reconnue. Je suis fière d’être une inspiration pour d’autres femmes qui poseront des actions afin de renforcer la sororité.» La bourse Marie-Jeanne Eid sera remise lors du gala de la fondation de la faculté des sciences humaines au mois d’avril 2025.