Nouvelles relations au travail : le contexte a changé

 

5 avril 2022 - Les deux dernières années ont confirmé la mouvance d’un monde façonné par des sociétés qui évoluent. Les choses changent et elles changent vite. Comment adapter nos habitudes professionnelles dans un marché du travail en profonde mutation? Et plus précisément, comment définir l’imputabilité d’une tâche et le contrôle des livrables? Sandrine Vergracht, associée chez 1plus1consulting, Dimitri Gourdin, directeur général de Zú et Karine Nadeau, présidente de Buziness.ca, ont répondu aux questions d’Adèle Catteau. 

 

Des constats qui pèsent sur les dirigeants

Modelé par l’arrivée sur le marché des nouvelles générations, par le virage numérique et plus récemment, par la pandémie, le monde du travail connaît depuis plusieurs années de nombreux changements structurels. Si générations Y et Z ont une appréciation différente du travail, de la hiérarchie et du sens qu’elles souhaitent donner à leur emploi, l’heure n’est plus à la critique, mais bien à l’adaptation. La recherche de sens dans le travail n’est d’ailleurs pas un enjeu limité aux jeunes générations : « la pandémie a fait déborder cette réflexion sur les générations précédentes », explique Dimitri Gourdin, qui a pris la direction de Zù, un incubateur d’entrepreneurs créatifs, après plusieurs années au Groupe V Média. Il fait référence au mouvement de la « Grande Démission », un phénomène né aux États-Unis à l’été 2020, désignant les milliers d’Américains qui ont quitté leur emploi à la suite du premier confinement.

Recherche de sens | « La pandémie a fait déborder la réflexion sur les générations précédentes » - Dimitri Gourdin, directeur général, Zú Montréal

Une charge mentale comme dénominateur commun 

« Les jeunes ne sont pas les seuls responsables de ces changements drastiques; le virage technologique a également redéfini le mode de gestion des équipes », explique Sandrine Vergracht, associée chez 1plus1consulting, un cabinet conseil établi à Brossard. À l’ère de l’instantanéité, les attentes en matière de livrables ont changé. Qualité, quantité, rapidité semblent être les nouveaux mots d’ordre, au travail… comme à la maison. Les téléphones intelligents avaient déjà fragilisé la limite établie entre le bureau et le foyer. Le télétravail, normalisé par la pandémie, a aussi alourdi la charge mentale. Pour Sandrine Vergracht, « le poids psychologique représente l’accumulation de tâches à réaliser dans un espace-temps limité », un nouveau défi de taille pour les dirigeants d’entreprises, mais aussi les travailleurs indépendants. Et pour cause, « l’incertitude du contexte de pandémie a amené de nombreux auto-entrepreneurs et fournisseurs à accepter plus de travail qu’ils n’étaient capables d’en livrer », précise Karine Nadeau, de Buziness.ca, une plateforme basée à Bromont qui met en relation un bassin de plus de 400 professionnels avec ses membres partout au Québec.

Virage | « Les jeunes ne sont pas les seuls responsables de ces changements drastiques; le virage technologique a également redéfini le mode de gestion des équipes », Sandrine Vergracht, associée, 1plus1consulting. 

Des solutions

Dans ce nouveau monde du travail, le rôle attendu d’un gestionnaire s’apparente à celui d’un coach. Il motive et soutient ses employés, et s’inspire d’eux. Véritable chef d’orchestre, il doit faire preuve d’empathie, être proche de son équipe et être capable d’identifier les signaux d’alertes. Une responsabilité qui peut être allégée par la délégation de tâches précises, mais aussi par la mesure des résultats attendus. 

Être à l’écoute

« Environ 85 % des employés que j’interroge disent n’utiliser qu’entre 50 et 60 % de leur potentiel. », avance Sandrine Vergracht, associée chez 1plus1consulting. Permettre aux employés de se réaliser dans leur poste est essentiel. Cela passe par être à l’écoute de leurs intentions professionnelles et de leurs besoins personnels. Côté employé, « savoir être à l’écoute de soi, des indicateurs physiques et mentaux » est également essentiel pour fixer de saines limites.

Développer une relation de confiance

« L’employeur a un rôle à jouer dans l’infantilisation ressentie pendant la pandémie : il est temps d’inverser la tendance et de responsabiliser les employés. Pas besoin d’être dans le dos des gens, il faut mettre l’accent sur les résultats pour accomplir la mission et la vision de l’entreprise, » résume Dimitri Gourdin Directeur général chez Zú. Responsabiliser un employé, c’est l’amener à répondre de ses décisions, à avoir un regard critique sur ses erreurs et à développer une capacité de correction.


 
Adèle Catteau