La première journée de Chantal Machabée au CH

Dimanche, l’ex-figure de proue de RDS découvrait son nouveau bureau au centre d’entraînement de l’équipe à Brossard. Isabelle Maréchal a rencontré cette pionnière à l’occasion de sa première journée de travail. Chantal Machabée ne cache pas son enthousiasme. Une fierté qui est plus que justifiée.

La première journée de travail de la nouvelle vice-présidente communications du Canadien de Montréal dit tout de l’ampleur de sa nomination. Fébrile, elle découvre son nouveau bureau au centre d’entrainement de l’équipe à Brossard. « J’arrive face à face avec Carey Price qui m’accueille avec le gros sourire  « Chantal, congrats! I’m so happy. You’re part of our team now! Après toutes ces années où tu as couvert l’équipe, je suis vraiment content de travailler avec toi!... J’étais sur un nuage, ça ne pouvait pas mieux commencer ma journée! » confie-t-elle.

La journaliste sportive vient de franchir le Rubicon. Elle rentre par la grande porte, là où elle n’avait jamais rêvé de travailler : dans les officines décisionnelles de l’équipe de sport la plus adulée au Québec, une des plus importantes d’Amérique du Nord. Adolescente, Chantal ne souhaitait qu’une chose : se rapprocher de son idole Guy Lafleur pour une entrevue. Elle fait aujourd’hui partie de son équipe.

Entrevue de Isabelle Maréchal

Chantal, ta nomination est tellement inspirante. C’est la première fois qu’une femme parlera au nom des Glorieux.

Quand j’ai commencé, les postes de direction au hockey n’étaient pas ouverts aux femmes. Petite, je ne rêvais pas de jouer dans la LNH, mais d’interviewer Guy Lafleur. Malheureusement, il n’y avait pas de femme en journaliste sportif. C’est devenu un plan de match pour me rapprocher le plus possible de la patinoire. Ça fait 38 ans que je fais ce métier, je n’ai jamais pensé quitter RDS. J’ai mis un mois et demi avant de donner ma réponse à la présidente, sports et divertissement du Groupe CH, France Margaret Bélanger qui m’a offert le poste. Le goût de travailler de l’autre côté du miroir a pris le dessus.

« Je n’ai jamais pensé quitter RDS. J’ai mis un mois et demi avant de donner ma réponse à la présidente. »

– Chantal Machabée

 

« Toujours croire en son étoile. Se trouver une passion et la suivre à 100 milles à l’heure. Ça prend beaucoup de travail. Il faut faire des sacrifices et être ambitieuse. Persister et ne jamais se décourager. » C’est le mantra de Chantal Machabée.

S’il n’y avait pas eu une femme forte au CH comme France Margaret Bélanger, et sans le départ de Marc Bergevin, cette offre serait-elle arrivée de la même manière ?

Oui sans doute. Quand France Margaret m’a approchée, je lui ai fait remarquer que je n’avais pas le même profil que mon prédécesseur Paul Wilson. Mais c’est ce qu’elle et le CH souhaitaient. Ils ont moulé les fonctions de la vice-présidence communications à mon expérience. On me demande par exemple de m’adresser aux journalistes et d’alléger le travail du coach, Dominique Ducharme. C’est un grand privilège.

Plusieurs femmes occupent désormais des postes clés dans la LNH. Chacune possède un parcours exceptionnel dans un milieu encore très traditionnel. Est-ce que certaines situations ont été plus difficiles ?

Quand tu es une femme dans un milieu d’hommes, tu dois prouver constamment tes compétences, alors qu’on tient pour acquis qu’un gars connaît le sport. C’est devenu une seconde nature pour moi de travailler plus fort. Cela a eu du bon. Ça m’a permis de durer. Il ne faut pas se décourager par rapport à ces circonstances, il faut apprendre à composer avec ça, s’en servir comme moteur. Et puisque je suis très têtue, je me suis dit que personne n’aurait raison de cette passion du métier qui m’anime. Aujourd’hui, j’entame une nouvelle carrière.

Y aurait-il un courant en faveur des femmes dans le hockey ?

Les portes s’ouvrent. J’ai une femme comme patronne, France Margaret, qui est le bras droit de Geoff Molson. Ce n’est pas rien ! Cela fait longtemps qu’il y a des femmes dans le hockey. Depuis que l’équipe féminine a gagné la médaille d’or olympique, on leur donne de plus en plus de visibilité dans les médias.

Des conseils pour les jeunes femmes qui veulent, comme toi, repousser les limites qu’on nous impose encore parfois sur le marché du travail ?

Toujours croire en son étoile. Se trouver une passion et la suivre à 100 milles à l’heure. Ça prend beaucoup de travail. Il faut faire des sacrifices et être ambitieuse. Persister et ne jamais se décourager.

Est-ce que Guy Lafleur, ton idole, t’a félicitée ?

Oui, il a été un des premiers à le faire. J’ai fondu en larmes. Je suis privilégiée d’avoir été inspirée par un si grand homme. Pas surprenant qu’il soit aussi l’idole des Québécois.

Bravo encore pour ta nomination. On peut dire que le CH a fait un bon choix au repêchage. Ton poste comporte son lot de défi au moment où l’équipe déçoit et où ses partisans se cherchent des raisons d’espérer des victoires.

Je vais tout faire pour redorer l’image de cette équipe que j’aime depuis mon enfance, retrouver notre bonne humeur des séries !

Et d’après toi, quand verra-t-on une femme derrière le banc comme coach du CH ?

Oh boy ! Ça risque de prendre encore un peu de temps…

D’accord, une chose à la fois (rires)

 

 

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Isabelle Maréchal