Marie-Ève Dicaire : la vie après le ring


Marie-Ève Dicaire

Double championne du monde en boxe professionnelle

La double championne du monde en boxe professionnelle, Marie-Ève Dicaire a récemment remisé ses gants pour sauter dans une autre arène. Isabelle Maréchal l’a rencontrée pour discuter de sa nouvelle vie.

Il faut se lever de bonne heure pour suivre le rythme de Marie-Ève Dicaire. La championne s’entraîne toujours autant, sinon plus, qu’à l’époque où ses entraîneurs réglaient ses horaires au quart de tour. La boxeuse de 36 ans prend désormais plaisir à battre son propre record de course à pied. « Je n’ai plus à m’économiser pour le prochain combat », dit-elle en riant.

Depuis l’annonce de sa retraite, Marie-Ève ne chôme pas. Elle jongle avec ses conférences de motivation et le balado « Les dangereuses », qu’elle co-anime avec la pilote de Monster Trucks, Cynthia Gauthier. « Ce que la boxe m’a appris, c’est qu’un plan de carrière doit être malléable. Je gère mes objectifs. Tout ce que j’ai acquis au fil des ans, je le transpose dans ma nouvelle carrière avec les médias. »


« Mon dernier combat, je ne l’ai pas perdu : je me suis battue en Angleterre, berceau de la boxe, devant dix mille personnes et je me retire sans blessures après avoir livré à mes yeux, le meilleur combat de ma carrière. » - Marie-Ève Dicaire


Tout gagner

Son rôle de défricheuse dans un milieu peu ouvert aux femmes, qui a pavé la voie à Kim Clavel ou à Tammara Thibeault, elle l’assume complètement. « C’est récent qu’on parle de boxe féminine professionnelle. Je me disais à l’époque, ça n’existe pas, je vais le faire et prouver que c’est possible. Tant mieux si j’ai donné le goût à des filles de boxer. »

Au cours de sa percutante carrière, Marie-Ève n’aura connu que deux revers, dont fait partie son dernier match contre Natasha Jonas, à Manchester, en novembre dernier. Elle refuse le mot « défaite ». « Je suis la plus mauvaise perdante au monde. Une défaite, ça sonne négatif. Mon dernier combat, c’est sûr que je voulais le gagner, mais je suis loin d’avoir perdu. Je me suis battue en Angleterre, berceau de la boxe, devant dix mille personnes et je me retire sans blessures après avoir livré à mes yeux, le meilleur combat de ma carrière. »

Une nouvelle vie

Marie-Ève Dicaire doit se préparer à donner sa conférence « Vaincre dans l’incertitude ». Le thème lui va comme un gant. « Je donne mes trucs de préparation mentale. Les gens adorent ça ». La boxeuse reconnaît qu’elle a été chanceuse de gagner sa vie avec son sport. Sa retraite de la boxe représente le début d’une nouvelle phase. Avec son conjoint, Marc-André Wilson, qui a été son préparateur sportif, elle contemple l’idée d’un nouveau projet d’affaires. « Je me suis toujours vue comme une petite entreprise, avec une liste de collaborateurs que j’engageais pour me permettre de réussir. À 19 ans, j’ai ouvert mon école de karaté avec deux associés. À 20 ans, j’ai racheté leurs parts pour devenir la seule aux commandes, jusqu’à l’âge de 30 ans. J’ai vendu mon école pour me consacrer à ma deuxième carrière de boxeuse. Et là, j’entame une troisième carrière avec en tête, le désir renouvelé de sortir de ma zone de confort. »

La championne carbure à l’adrénaline. Assurément, elle mettra à profit son énergie et son sens du marketing peu communs dans ses prochains projets.  


Auto-évaluation

Ma force : je sais m’entourer des bonnes personnes. 

Ma faiblesse : je suis un peu têtue. Je l’ai appris à mes dépens.

Ma plus grande réussite : avoir contribué à la boxe féminine professionnelle.

Mon objectif :  développer la patience. Je veux que tout soit fait pour hier. 

 
Isabelle Maréchal