Élections municipales 2021 : la parité à géométrie variable

 

Mardi 12 octobre 2021

De plus en plus de femmes se portent candidates pour devenir mairesses dans les grandes villes du Québec, mais en milieu rural – où plus de la moitié des candidats ont été élus par acclamation le 1er octobre dernier –, la parité est encore loin d’être atteinte.

Les Québécois avaient jusqu’au vendredi 1er octobre pour soumettre leur candidature en vue de l’élection municipale du 7 novembre. Selon le Groupe femmes, politique et démocratie (GFPD), le taux de candidatures féminines soumises a progressé davantage cette année que lors des dernières élections, et davantage dans les grandes villes.

Marie-Ève Arsenault

Malgré les avancées dans les grandes villes, la progression vers la parité reste marginale à l’échelle de la province, composée à 86% de municipalités de moins de 5000 habitants.

 En date du vendredi 1er octobre, les données préliminaires du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation faisaient état d’une proportion de 37% de candidatures féminines au poste de conseillère (contre 33,3% en 2017) et de 24% au poste de mairesse (contre 19,8% en 2017).

Cette progression de quatre points de pourcentage marque «un changement intéressant». Cette année, la progression a «doublé», fait valoir Thérèse Mailloux présidente du GFDP.

Municipales: la parité dans les grandes villes La progression vers la parité hommes-femmes est d’autant plus marquée dans les 22 plus grandes villes du Québec.

Dans ces municipalités de plus de 5000 habitants, les candidatures féminines pour le poste de mairesse sont passées de 19% en 2017 à 33,7% en 2021, une progression de 14 points de pourcentage. Au poste de conseiller, ce taux a franchi un cap symbolique en atteignant 43%, une progression de huit points de pourcentage par rapport à 2017.

«C’est dans les villes que les chiffres sont tirés vers le haut», note Thérèse Mailloux, qui souligne au passage le travail réalisé par les partis politiques dirigés par des femmes, notamment à Montréal, à Longueuil et à Brossard.

Dans la métropole, la formation de la mairesse sortante Valérie Plante s’est «surpassée», en présentant cette année une équipe composée à 59% de candidatures féminines.

 

Catherine Fournier, candidate à la mairie de Longueuil, a, elle aussi, fait de la parité l’une de ses priorités au moment de bâtir son équipe, qui compte exactement sept candidates et sept candidats. «C’est un jalon que j’ai posé dès le départ et ça s’est fait très naturellement. Personnellement, j’ai l’impression que mon positionnement, axé sur la collaboration et non sur la confrontation, a attiré plus de femmes.»

On dit souvent que c’est difficile de recruter des femmes en politique, mais je pense que ça dépend du style de politique qu’on leur offre, affirme Catherine Fournier en entrevue.

Dans l’équipe de Doreen Assaad, mairesse sortante candidate à la mairie de Brossard, la parité a été atteinte sans calcul, alors qu’elle souhaitait avant tout former une équipe représentative de la société. «Je souhaitais la parité, mais je ne me suis pas donné de quota. Je voulais trouver les meilleures personnes en termes de bagage et de vécu. Et ça a adonné qu’en fin de compte, on était 50-50», explique-t-elle.

«On dit souvent que c’est difficile de recruter des femmes en politique, mais je pense que ça dépend du style de politique qu’on leur offre.» - Catherine Fournier, candidate à la mairie de Longueuil

La réalité des petites municipalités

Malgré les avancées dans les grandes villes, la progression demeure marginale à l’échelle de la province, composée à 86% de municipalités de moins de 5000 habitants.

Dans ces 919 petites municipalités du Québec, les partis politiques sont quasiment inexistants; la plupart des candidats sont donc indépendants et sont souvent élus sans opposition (56%).

J’aimerais pouvoir offrir un mentorat pour présenter la réalité du poste, et la réalité du poste en tant que femme.» - Doreen Assaad, mairesse sortante et candidate à la mairie de Brossard

«Quand il n’y a pas de partis politiques, explique Thérèse Mailloux, il n’y a pas beaucoup d’appuis pour changer la composition des élus. Il y a les vieux schémas qui se reproduisent et c’est ce qu’on veut essayer de rompre.»

Pour Doreen Assaad, à Brossard, ces conditions difficiles ne sont pas si lointaines: «Dès que je me suis assise sur le siège de mairesse en 2017, c’est là où il a fallu que je fasse mes preuves. Et c’est là que j’ai découvert qu’on n’a pas nécessairement de guide pour nous aider ou de réseau de soutien pour nous aider à assumer notre propre leadership.»

Celle qui espère renouveler son mandat à la mairie de Brossard dit aussi vouloir partager ses apprentissages en politique municipale à plus large échelle pour soutenir les femmes. «Il n’y a pas de guide. J’aimerais pouvoir offrir un mentorat pour présenter la réalité du poste, et la réalité du poste en tant que femme», affirme Doreen Assaad, mairesse sortante et candidate à la mairie de Brossard.

Le Groupe femmes, politique et démocratie entend lui aussi poursuivre ses efforts de sensibilisation auprès du gouvernement du Québec pour que voie le jour une «loi provinciale sur la parité en politique municipale».

 
 
 

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Marie-Ève Arsenault