Annulations, inquiétudes, reports : l’industrie du voyage dans une zone de turbulences

11 janvier 2022 - Le découragement est perceptible chez Sylvie Myre, présidente de Voyages à Rabais, Tours Amérique et Objectif Monde. Depuis l’arrivée du variant Omicron, sa ligne téléphonique ne dérougit pas. « On a de la difficulté à répondre aux demandes de base tellement on a de questions de la part des clients, que ce soit avant de partir ou à destination. Et c’est sans compter tous ceux qui ne sont pas à l’aise à l’idée partir cet hiver et qui demandent des changements à leur dossier », constate la femme d’affaires.

Nous l’avons contactée pour faire le point à la lumière l’actualité qui secoue l’industrie du tourisme.

Déborah Levy

Difficile de savoir à quoi s’en tenir en ce moment avant de monter à bord d’un avion, les règles changent selon la provenance et la destination. Les consignes varient aussi d’un jour à l’autre. Êtes-vous déjà amenés à clarifier les consignes des autorités ?

Entre Noël et le jour de l’An, les autorités provinciales ont déclaré : « Si vous voyagez, c’est à vos risques et périls. » Ça a créé beaucoup d’inquiétude chez les clients. Ils nous ont appelés pour demander : « Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Est-ce qu’on va être laissés à destination si jamais on est déclarés positifs ? Qu’est-ce qui arrive si les avions sont cloués au sol ? Est-ce qu’on va être laissés à nous-mêmes ? »

Ce que je leur réponds, c’est que le gouvernement du Canada a tout de même une responsabilité de ramener les citoyens au pays. Je ne pense pas qu’on n’ait jamais laissé des clients d’un vol derrière. D’autant que la consigne sur les voyages n’est pas une interdiction, mais une recommandation.

Débordements à bord de la Sunwing, passagers retenus dans des conditions peu enviables à Cuba… l’actualité récente a été marquée par plusieurs affaires qui secouent l’industrie du tourisme. Voyager pendant la vague Omicron, est-ce que ça relève de l’inconscience ?

Quand les gens me demandent s’ils doivent voyager, j’essaie de relativiser la situation entre ici et ailleurs. Ensuite, la décision revient au client. Les voyageurs ont leur passeport vaccinal, ils sont doublement vaccinés et même parfois triplement vaccinés. On vit des situations chez nous qui sont tout aussi dangereuses, sinon plus. Et les gens sont prêts à payer et à se préparer pour respecter les règles de tests de dépistage des destinations. C’est difficile d’être plus protégé ou prudent que ça, je pense.

Les événements qui se sont produits à bord de la Sunwing ont un lien avec la situation actuelle. Ça illustre un besoin de faire la fête et de retrouver une vie sociale normale.

Après une belle reprise à l’automne, cette énième vague est un nouveau coup pour l’industrie touristique. Comment pensez-vous que les agences de voyages vont s’adapter pour pérenniser leurs activités : est-ce que les professionnels vont jouer davantage un rôle de sensibilisation alors que nous devons apprendre à vivre avec le virus ?

Ceux qui décident de partir en voyage connaissent les tenants et aboutissants. On leur dit ce qu’ils ont comme protection, comment ça va fonctionner à destination, ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire, quels sont les contrôles exigés. On a instauré plusieurs outils durant la pandémie pour permettre aux gens de ne pas se retrouver dans des situations désagréables une fois à destination. Si on s’en va en vacances, ce n’est pas pour se stresser !

Quand le client choisit un hôtel, il peut voir si le test PCR est disponible à cet établissement ou non. On a aussi un outil qui permet aux gens de connaître les exigences avant, pendant et après le voyage. On a également mis au point toutes sortes de protections pour permettre aux clients de changer de destination ou de compagnon de voyage. Ça demande énormément de travail, mais ça démontre que les voyagistes sont prêts à aider les clients pour rendre les choses plus faciles. Les voyages font partie de notre équilibre mental. Depuis presque deux ans, on est cloués chez nous. Il est temps que le gouvernement change son fusil d’épaule et nous donne un peu d’air.

Propos édités pour fins de concision et de clarté.

 

Déborah Levy