Des solutions pour réduire l'écart de richesse entre hommes et femmes

22 septembre 2021

Les questions de patrimoine et d’écart de richesse entre hommes et femmes ont été soulevées à l’occasion d’un échange modéré par Isabelle Maréchal, nouvelle éditrice de Premières en affaires, le 16 septembre 2021 en compagnie d’une quarantaine d’invités à l’Hôtel Germain de Montréal.

Annie Bourque

Selon une étude récente de Desjardins, au Québec, une professionnelle de 25 à 65 ans détentrice d’un baccalauréat gagne en moyenne 58 900$. Un collègue masculin du même âge et occupant le même emploi obtient 79 500$. Une différence salariale de 20 600$.

Ces chiffres ont une incidence sur les droits de cotisations aux régimes de retraite. «À sa retraite, une femme est beaucoup plus pauvre qu’un homme», déplore Isabelle Maréchal, précisant que plusieurs vont s’appauvrir à la suite d’une séparation. D’autres sont face à une baisse de salaire à plusieurs étapes de leurs vies quand elles deviennent aidantes naturelles ou lorsqu’elles choisissent le travail à temps partiel pour s’occuper des enfants.

EN REPRISE, LA VIDÉO DES ÉCHANGES


Ce qu’elles ont dit:

 «La diversité, ce n’est pas juste une question de sexe, c’est aussi une question de culture, d’origine, de genre.» - Marie-Elaine Farley présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière

«Au Canada, si on atteint la parité d’ici 2026, on générerait 150 milliards de dollars supplémentaires à notre PIB.» - Marie-Chantal Côté, vice-présidente au développement des affaires du groupe Garanties collectives à la Sun Life

«À 15 ans ma mère m’a dit: “l’autonomie financière, c’est important. Tu dois t’occuper de ton argent, en faire et le gérer. Ça donne la liberté d’aimer pour les bonnes raisons.”» - Diane Lafontaine, vice-présidente, communications et au marketing, Fonds de solidarité FTQ

 

«Les valeurs sont importantes dans les choix financiers. Une femme qui fait du compost et se promène en voiture électrique n’est plus en contradiction avec son portefeuille.» - Marie-Claude Jalbert, cheffe des finances et directrice générale, opérations d’affaires chez Jarislowsky Fraser

 

«Je suis chez BDO depuis 25 ans, je me rends compte que les hommes postulent pour des emplois sans avoir tous les préalables alors que les femmes hésitent à aller de l’avant. Comment faire pour que les femmes aient plus confiance en elles?» - Mina Farinacci, associée directrice pour le Québec, BDO Canada

 

«L’entraide entre femmes, ça fonctionne. Je pars d’ici remplie d’énergie. On partage avec Premières en affaires des valeurs de diversité et d’inclusion. La richesse collective au féminin passe par l’entrepreneuriat pour que les retombées soient significatives dans les communautés.» - Chantal Rémy, première vice-présidente, Québec et Atlantique et Services-conseils, BDC

«Ma mère m’a dit, très jeune: “Quoi qu’il arrive dans la vie, tu dois te tenir debout.” Mais elle ne m’a pas appris à parler d’argent. J’ai commencé chez Stikeman Elliott à 21 ans et je n’ai jamais abordé la question du salaire pendant le processus d’embauche.» - Helen Antoniou, rédactrice en chef du magazine de l’automne, coach exécutive, co-présidente de la campagne majeure du Y des femmes et présidente du conseil des gouverneurs de Concordia  

«Je gère une entreprise de 30 employés avec mon associée entre Toronto et Montréal. Saisir les opportunités et prendre sa place, c’est aussi une responsabilité. Quand on siège à un conseil d’administration, par exemple, ça prend une forme de courage.» - Vicky Boudreau, chef de la direction et partenaire fondatrice, BICOM

  


Progression et rattrapage

Pour Marie-Elaine Farley, présidente et chef de la direction de la Chambre de la sécurité financière, un rattrapage s’impose. «La diversité au sein des sociétés crée la richesse. Selon une étude menée par Harvard, 70% des entreprises qui respectent la diversité ont de meilleures chances de faire face à la concurrence ou de meilleurs résultats.» Mais pas seulement «pour que les femmes puissent accéder à des postes de dirigeants, il faut créer les conditions nécessaires, comme une meilleure conciliation travail-famille. Et soutenir celles qui accèdent à des postes de direction», insiste celle qui a remis l’organisme Bixi sur les rails et gravi les échelons d’une riche carrière.

«En matière de patrimoine, les hommes veulent obtenir le plus gros pécule possible à leur retraite», observe Marie-Claude Jalbert, cheffe des finances et directrice générale, opérations d’affaires chez Jarislowsky Fraser. «Les femmes sont plus prudentes. Elles pensent à la famille en voulant donner un coup de pouce aux enfants, comme un paiement sur leur première maison.» Cette prudence se reflète sur les possibilités de faire fructifier le capital. Il y a aussi des évolutions sociétales et des préoccupations différentes en matière de placements. Pour Marie-Claude Jalbert, aujourd’hui, les femmes vont investir davantage selon leurs valeurs. «Une femme qui fait du compost et se promène en voiture électrique n’est plus en contradiction avec son portefeuille.»

Pistes de solutions

Marie-Chantal Côté, vice-présidente, développement de marché, garanties collectives chez Sun Life, déplore que le revenu de retraite des femmes soit de 20% moins élevé que celui des hommes. «Pourtant, les femmes ont une espérance de vie de quatre ans de plus. Au rythme actuel, ça prendrait 213 ans pour atteindre la parité selon le World Economic Forum.» Elle attribue ces différences au fait que des femmes occupent des secteurs d’activité traditionnellement «féminins» et moins bien rémunérés. Faire abstraction du syndrome de l’imposteur et connaître sa propre valeur est un défi au quotidien pour les femmes. Pour Marie-Chantal Côté, santé financière, connaissances financières et planification de retraite sont pourtant incontournables dans le mieux-être des professionnelles. Il y a aussi des conséquences pour la société en général. Les femmes doivent être plus à l’aise dans les discussions liées à l’argent. Il est de plus en plus important de négocier le salaire et les avantages associés à un poste affirme cette dirigeante qui a joint la Sun Life en 2000.

C’est aussi l’avis de Diane Lafontaine, vice-présidente aux communications et marketing au Fonds de solidarité FTQ, qui mise sur l’entraide au féminin: «Les plus jeunes négocient plus et gagnent plus d’argent, mais il y a encore des écarts. Ça n’avance pas assez vite et dans certains cas, on a reculé avec la pandémie.» Diane Lafontaine n’a pas hésité à sortir de sa zone de confort et à prendre des risques au cours de sa carrière. Dans sa réflexion et à toutes les étapes de son cheminement, elle s’assure de sonder l’opinion de ses proches et encourage ses collègues à en faire autant. Mais aussi à signifier leur intérêt à gravir les échelons: «Beaucoup de femmes se disent que l’entourage va se rendre compte qu’elles font un bon travail. Ça ne suffit pas, il faut lever la main.»

En chiffres

↘️ 30% de la richesse privée mondiale appartient aux femmes, qui représentent 50% de la population. (Source: BCG: Boston Consulting Group)

↘️ Les Canadiennes possèdent 2200 milliards d’actifs financiers personnels.

↘️ Selon le dernier rapport de l’Autorité canadienne en valeurs mobilières (ACVM), seulement 20% des sièges au conseil d’administration des sociétés cotées à la bourse sont occupés par les femmes.

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