District central: 3 questions à Geneviève Dufour


12 novembre 2024

L’ancienne Cité de la mode a fait peau neuve. On y propose à la fois des loyers abordables et des services aux entreprises. Rencontre avec Geneviève Dufour, récemment nommée directrice générale adjointe à la Société de développement commercial (SDC) District Central.

Elizabeth Cordeau Rancourt 

Qu’est-ce que le District Central?

La SDC District Central est un quartier d’affaires qui s’étend sur trois kilomètres carrés au cœur de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Plus de 2100 entreprises y sont installées, embauchant un total de 25000 travailleurs, ce qui classe le District Central au 4e rang des pôles d’emploi importants à Montréal. Nous représentons principalement trois secteurs d’affaires: le design, la manufacture urbaine et la technologie. C’est un quartier encore abordable, bien situé et dont le cadre bâti se distingue. Notre territoire joue, en quelque sorte, un rôle pivot dans l’écosystème économique montréalais. L’histoire du quartier est très liée à l’industrie du textile. Dans les années 1990, la production locale s’est principalement délocalisée en Asie, menant à la fermeture de plusieurs entreprises. Plusieurs tentatives de requalification vers un secteur d’affaires mixte ont échoué. Ce n’est que depuis une dizaine d’années qu’on sent une véritable renaissance alors que les entreprises reviennent tranquillement s’y installer.

Lors de la création de la SDC en 2017, 5 millions de pieds carrés restaient vacants sur un total de 25 millions. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, 3,9 millions de pieds carrés restent inoccupés.

Cette nouvelle effervescence est liée à l’arrivée de la Société de développement commercial (SDC) District Central, qui a vu le jour en 2017 avec un modèle plutôt particulier. En temps normal, ce sont les entreprises d’un même quartier – généralement sur une artère commerciale – qui se mobilisent pour former une SDC avec l’accompagnement de la ville et de l’arrondissement. Dans notre cas, c’est l’arrondissement qui a créé l’organisme et cette structure pose un grand défi: plusieurs entreprises ne nous connaissent pas encore à ce jour puisque, à l’inverse d’une chambre de commerce, par exemple, où les inscriptions se font par choix, l’adhésion s’effectue automatiquement dès que la place d’affaires est localisée sur le territoire desservi par notre SDC.

 

Chabanel tente de se requalifier depuis plusieurs années pour devenir un secteur d’affaires mixte. Comment ça se passe?

Nous avons rédigé, avec le conseil d’administration, un rapport d’impact qui présente les critères nécessaires à cette requalification. Différents éléments sont mesurés: les retombées médiatiques, la mobilisation de la communauté – combien de gens on arrive à rejoindre via nos activités et nos comités participatifs –, et la location au pied carré. Lors de la création de la SDC en 2017, 5 millions de pieds carrés restaient vacants sur un total de 25 millions. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, 3,9 millions de pieds carrés restent inoccupés. La présence du District Central dans les plans de développement urbain revêt une importance significative pour la requalification. Le quartier a récemment été identifié comme une zone d’innovation métropolitaine, ce qui signifie que des investissements seront déployés sur notre territoire. La requalification d’un quartier, c’est un travail de longue haleine, c’est tout un défi pour notre petite équipe de huit employés, mais on a des atouts distinctifs et attractifs pour les industries. Alors, on avance en pleine confiance. 

 

Quels sont les projets à venir ?

Nous avons effectué des exercices de réflexion pour développer une vision, nous avons élaboré un plan et maintenant, c’est le moment de passer à l’action. C’est une grande aventure que de participer à la revitalisation d’un quartier afin de le positionner sur la scène économique montréalaise. Nous avons organisé plusieurs événements sur le territoire, qui seront répétés, mais ce sont des actions ponctuelles. La marque « District Central » est encore jeune, et il est crucial de mettre en œuvre des changements structurels pour attirer davantage de monde. C’est pourquoi nous avons établi un plan de développement axé sur trois volets: la zone d’innovation métropolitaine, le projet-pilote du commerçant industriel et l’aspect paysager. En ce moment, notre objectif principal est de mettre en œuvre un plan d’intervention unique pour le District Central.

À la suite des travaux du Comité d’aménagement du territoire, nous avons décidé d’établir une identité visuelle pour notre marque. Nous voulons que cette identité fasse partie du paysage urbain et qu’elle réponde à des besoins réels. Ainsi, nos interventions doivent être utiles et avoir un impact sur la santé humaine et environnementale. Par exemple, le grand nombre de matériaux en béton utilisés dans ce quartier contribue à faire de celui-ci l’un des secteurs les plus chauds de Montréal. Pour remédier à cette situation, il est possible d’introduire des espaces verts au cœur de la ville, à l’instar de ce que nous avons réalisé avec La Prairie Louvain. En effet, comme le District Central est un pôle d’emploi, le lieu se vide à 17 h. Il faut donc aussi assurer la sécurité des gens qui y restent, et ceci pourrait passer par l’installation d’éléments de signalisation et d’éclairage. 


 
Elizabeth Cordeau-Rancourt