Fabienne Colas et Spike Lee, deux étoiles
12 novembre 2024
Avant que le hip-hop ne devienne un mouvement politique et que les influenceurs noirs ne soient des modèles pour les nouvelles générations, deux personnalités faisaient de la diversité un combat culturel. Elles partagent toutes deux une indépendance d’esprit et une farouche détermination à faire rayonner des modèles positifs et inclusifs. À Hollywood, et depuis la fondation qui porte son nom, Spike Lee et Fabienne Colas s’engagent depuis des décennies dans cette mission commune. Les deux personnalités ont partagé la scène du 20eFestival international Film black de Montréal cet automne.
Annie Bourque
Sur la scène de l’Olympia de Montréal, le 25 septembre dernier, le cinéaste Spike Lee raconte l’envers de sa carrière à l’actrice et femme d’affaires, Fabienne Colas. Issu d’une famille nombreuse, le réalisateur de Malcom X, Inside Man, Opération infiltration et Jungle Fever a grandi à Brooklyn. À Fabienne Colas, l’homme de 67 ans parle de l’influence de ses parents et de son père, musicien, décédé il y a à peine deux ans. Voici un aperçu des moments marquants de son récit.
La fondation de Fabienne Colas vient de faire l’acquisition de l’ancien Théâtre Cartier, situé dans le quartier Saint-Henri à Montréal.
Action Professeur de cinéma depuis 10 ans, Spike Lee invite ses étudiants à effacer le mot «essayer» de leur vocabulaire. À la place, il leur suggère de passer à l’action et de visionner son film «Do the right thing», qui dépeint les tensions qui se nouent dans les années 1990 à Brooklyn.
Influence Pour Spike Lee, le rôle du réalisateur correspond à celui d’un leader en affaires. «Le secret, dit-il, c’est d’influencer l’équipe à s’engager dans un projet. Un bon film, c’est la réunion des talents du scénariste, des acteurs, du monteur de son, du monteur d’images et du réalisateur.»
Unisson Dans le monde numérique, le cinéma est accessible à tous. Aujourd’hui, tout le monde peut réaliser un film à partir d’un téléphone et d’un ordinateur. Le réalisateur présentera en 2025 un nouveau film mettant en vedette son acteur fétiche, Denzel Washington.
Un ancrage pour l’avenir
La fondation de Fabienne Colas vient d’acquérir l’ancien Théâtre Cartier, situé dans le quartier Saint-Henri à Montréal. «En tant que femme noire immigrante, je suis fière de reprendre cette bâtisse historique d’intérêt patrimonial, que Rose Ouellette, dite La Poune, dirigeait en 1929», avance l’instigatrice du projet. Le bâtiment comprendra deux salles de projection, dont une salle principale de 500 sièges et une galerie d’exposition. «Le lieu va aussi servir aux organismes culturels et au cinéma québécois indépendant», explique la jeune quadragénaire.
Qui est Fabienne Colas?
Née en 1979, en Haïti, la mère de Fabienne Colas l’a influencée. «Je l’ai toujours vue se battre pour obtenir ce qu’elle voulait », confie-t-elle à l’animateur André Robitaille. Au début des années 2000, elle décide de refaire sa vie au Québec. La jeune actrice, connue et primée dans son pays, décroche des rôles dans Trauma et dans L’auberge du chien noir. En 2003, les mots «inclusion» et «diversité» sont loin d’être à la mode. L’actrice crée alors, en 2005, la Fondation Fabienne Colas, devenue la plus grande organisation pour la culture noire au Canada. L’organisme a depuis organisé 12 festivals au pays, en Haïti, au Brésil, aux États-Unis, en plus de donner des bourses. Fabienne Colas vient de recevoir des mains de la sénatrice indépendante Amine Gerba la médaille du couronnement du roi Charles III pour ses contributions à la culture québécoise et canadienne.
Pour conjurer la défaite de Kamala Harris aux élections américaines, on regarde She’s Gotta Have It (Nola Darling n’en fait qu’à sa tête) sur Netflix.