Diversité des genres : Un virage qui se négocie


20 mai 2022 - Avis aux organisateurs de conférences de chefs d’entreprises et de panels d’experts, le président et chef de la direction d’Alithya, Paul Raymond, déclinera toutes les invitations s’il n’y a pas une femme sur la même tribune. « Et s’ils me répondent qu’ils n’y ont pas pensé ou encore qu’ils n’en connaissent pas, je leur réplique que moi, j’en connais ! Voici leurs noms. Voici leur numéro de téléphone. » « Dans les événements que nous organisons, nous cherchons toujours à atteindre la parité parmi les personnes qui viennent témoigner des bons coups de leur entreprise », indique Sylvie Pinsonnault, première vice-présidente, Stratégie et solutions d’affaires chez Investissement Québec. « Nous finissons toujours par en trouver. Au besoin, nous demandons au propriétaire d’une entreprise de nous suggérer le nom d’une de ses hautes dirigeantes. »

Gilbert Leduc

© Olivier Samson Arcand/Osa images

Investissement Québec lance Factorielle pour encourager les entreprises à prendre le virage de la diversité des genres. « Il y a beaucoup de travail à faire de ce côté », conviennent Sylvie Pinsonnault et Paul Raymond.

Au Québec, les femmes représentent 48 % de la population active. Seulement 36 % des postes de gestion sont occupés par celles-ci. Dans le secteur manufacturier, elles constituent à peine le quart des effectifs tant du côté des salariés que des gestionnaires. Dans celui des technologies, leur présence dépasse à peine 20 %. Et le pourcentage d’entreprises détenues majoritairement par des femmes n’est que 16 %.

Dans la foulée de Compétivert, son initiative visant l’amélioration de la compétitivité des entreprises par l’adoption de technologies propres et de pratiques écoresponsables, Investissement Québec lance Factorielle pour encourager les entreprises à prendre le virage de la diversité des genres. « Il y a beaucoup de travail à faire de ce côté », conviennent Sylvie Pinsonnault et Paul Raymond.

Guide en trois volets, Factorielle démontre – statistiques à l’appui – que la diversité, c’est payant. Selon les données de la plus récente édition du Baromètre industriel (STIQ), les entreprises manufacturières qui comptent plus de 30 % de postes d’employés occupés par des femmes affichent un niveau de production supérieur à la moyenne. Sans oublier l’effet positif sur l’engagement et la rétention du personnel.

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Le deuxième volet montre le chemin à suivre pour devenir une organisation plus diversifiée, notamment en répertoriant les meilleures pratiques pour y arriver. Finalement, le troisième volet regroupe des conseils pour les entrepreneures et un répertoire des programmes de financement destinés à celles qui veulent se lancer en affaires. « On veut plus de femmes dans les conseils d’administration, dans les comités de direction. On veut aussi plus d’entreprises dirigées par des femmes, plus d’entreprises dans lesquelles les femmes détiennent des actions de façon significative », insiste Mme Pinsonnault en rappelant que l’accès des entrepreneures aux sources de financement demeure un obstacle.

MONTRER L’EXEMPLE

À Investissement Québec, sept des onze membres du conseil d’administration sont des femmes. Le comité de direction est composé de quatre hommes et de trois femmes. Du côté d’Alithya, l’objectif est atteint. Trois des dix membres du conseil d’administration de la société de services-conseils en stratégie et en technologie de l’information sont des femmes. C’était ce que nous visions, en 2016, au moment où Alithya adhérait au Club des 30 %, un mouvement international militant en faveur de la diversité des genres au sein des échelons supérieurs des entreprises. Dans l’équipe de direction, cependant, les femmes sont sous-représentées. Deux femmes. Onze hommes. Une situation qui découle du modèle d’affaires adopté par Alithya. L’équipe de direction est formée des dirigeants des entreprises acquises un peu partout à travers l’Amérique du Nord par Alithya. Dans l’univers des technos, rares sont les femmes qui y gagnent leur vie. Encore plus rares sont les sociétés technologiques détenues par des femmes.

La quête et la rétention des talents dans le secteur des technologies sont des défis pour les entreprises. « Bon an mal an, nos écoles forment 2 000 diplômés alors que s’ouvrent 12 000 postes par année. Seulement chez nous, 400 postes sont actuellement à pourvoir », signale Paul Raymond.

L’entreprise, qui compte 3 600 employés, a mis les bouchées doubles ces dernières années pour faire de la place aux femmes. Elles représentent maintenant 30 % des effectifs. « Ce n’est pas encore suffisant », estime M. Raymond en ajoutant que l’entreprise a mis sur pied de nombreux comités pour aider les femmes à cheminer au sein de la compagnie et pour appuyer celles qui aspirent à des postes de leadership. « Nous avons notamment modifié nos approches en matière de recrutement. Grâce à des moteurs de recherche et à l’intelligence artificielle, nous scrutons toutes les informations disponibles en ligne pour trouver des candidates qui seraient capables, selon nous, de pourvoir les postes disponibles. »

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Gilbert Leduc