Françoise Lyon se joint au conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ

 

Mardi 16 novembre 2021

Après une carrière sur trois décennies en gestion de patrimoine et capital de risque, Françoise Lyon a été nommée membre indépendante du conseil d’administration du Fonds de solidarité FTQ cet automne. Rencontre avec une femme déterminée.

Marie-Ève Arsenault

Vous présidez déjà le conseil du Musée des Beaux-Arts du Canada et celui de l’Association des femmes en finance du Québec. Que signifie ce nouvel engagement au Fonds de solidarité FTQ dans votre parcours?

J’évolue dans le monde de la finance, mais je ne siégeais à aucun conseil d’envergure dans cette industrie. Jusqu’à tout récemment, j’avais des inscriptions auprès des autorités de marché qui ne me permettaient pas de siéger à des conseils plus importants, à cause de toutes sortes de restrictions liées aux conflits d’intérêts.

En 2017, j’ai choisi de prendre une orientation plus indépendante dans ma carrière. J’ai décidé de choisir des conseils qui correspondaient à mes valeurs et de continuer à travailler sur des projets à titre de consultante. 

Quand un poste s’est libéré au conseil du Fonds de solidarité FTQ, un chasseur de têtes qui connaissait mon intérêt a donné mon nom au président du conseil, et ça s’est fait à partir de là.

« J’ai décidé de prendre le temps d’analyser toutes les propositions qui se présenteraient à moi, même si leur intérêt n’était pas manifeste. » - Françoise Lyon

Comment savez-vous si une occasion qui se présente est la bonne, avez-vous un plan de carrière? 

Quand j’ai quitté les HEC en 1993, c’était très important pour moi de mettre en place un plan de carrière. On nous disait qu’il fallait se fixer des objectifs, déterminer les types d’emplois qu’on voulait occuper, combien d’argent on voulait gagner, etc. Alors je me suis fait un plan avec trois objectifs.

Trois ans plus tard, je les avais tous atteints. Je me suis dit : « Je fais quoi maintenant? ». J’ai décidé que j’allais prendre le temps d’analyser toutes les propositions qui se présenteraient à moi, même si leur intérêt n’était pas manifeste. Parfois, j’ai dit oui à certaines offres qui ne me permettaient pas nécessairement d’avancer verticalement, mais qui me faisaient découvrir autre chose horizontalement. Plus j’avançais dans ma carrière, plus je me rendais compte que c’était la bonne façon de faire.

Vous occupez des postes de cadre depuis la fin de vos études. Comment avez-vous réussi à gravir les échelons si rapidement?

Mon avantage, c’est que je suis très grande (rires). J’ai toujours eu l’air plus vieille que je ne l’étais. Lorsqu’on mesure presque 5 pieds 11 pouces à 12 ans, on commence à agir comme si on en avait 18 et quand on en a 25, tout le monde pense qu’on a 35 ans. Je projette une autorité qui a été forcée, plus jeune. Je dis ça en riant, mais je suis convaincue que cette stature ne m’a pas fait de tort. C’est complètement ridicule, mais la société en général, surtout en Amérique du Nord, a tendance à accorder une autorité aux gens qui sont plus grands, et je l’ai vite compris.

Plus sérieusement, je pense aussi que j’ai su être authentique par rapport à ce que je sais et ce que je ne sais pas. J’ai toujours été honnête quand je ne comprenais pas quelque chose. Très vite dans ma carrière, j’ai pu démontrer que oui, j’étais peut-être « verte » comme on dit, mais j’étais assez mature pour comprendre que c’était correct de me tromper et de poser des questions. Et le fait que j’avais cette curiosité-là m’a aidée à développer un certain niveau de compétences.

« Très vite dans ma carrière, j’ai compris que c’était correct de se tromper et de poser des questions. Cette curiosité m’a aidée. » - Françoise Lyon

Vous n’êtes donc pas une adepte du proverbe anglo-saxon « Fake it until you make it ».

Absolument pas. Ça fonctionnait peut-être dans les années 90, mais aujourd’hui, je suis désolée, les gens peuvent voir à travers cette façade en deux minutes. Moi, c’est : « Walk the talk ». Pour moi, il n’y a rien de pire qu’un manque d’authenticité entre l’action et la parole. C’est presque criminel.

Quand on est très jeune, on peut être arrogant. On veut paraître compétent, montrer qu’on sait tout, mais on cache souvent le fait qu’on ne comprend pas. Et c’est normal. On peut être compétent en étant jeune, mais l’expérience n’est pas là. Si on sort de l’université et que ça fait quatre à cinq ans qu’on est sur le marché du travail, c’est impossible qu’on ait gagné toute cette expérience holistique. Il faut faire l’expérience de certains échecs pour grandir et apprendre, et ça, ça vient avec le temps.

 
 
 

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Marie-Ève Arsenault