Géraldine Martin prend le relais chez Evol


10 octobre 2023

Première femme de l’histoire du journal Les Affaires à occuper le poste de rédactrice en chef, elle a également créé la première direction de l’entrepreneuriat à la Ville de Montréal. Son nouveau défi depuis juin : générer un effet positif sur la société à la tête de Evol, une organisation qui offre des prêts conventionnels et de l’accompagnement aux entreprises qui souhaitent inclure des pratiques de développement durable à leurs pratiques d’affaires. Emilie Laperrière l’a rencontrée.

Comment se passe votre intégration jusqu’à présent ?

C’est au-delà de mes attentes. Je savais qu’il y avait quelque chose de particulier chez Evol, mais je réalise que c’est un bijou de modèle de gestion. Le sentiment d’appartenance est puissant. La culture d’entreprise et le style de gestion correspondent à mes idées. On est maintenant au début d’une planification stratégique. Avec l’équipe, on va définir notre vision pour les trois prochaines années. Je veux solidifier et bonifier le cœur de notre mission, qui est de financer le changement, d’abord. On a une petite équipe qui fonctionne bien. Maintenant, il faut s’assurer de répondre aux attentes. À la Ville de Montréal, c’est moi qui ai recruté et développé toute mon équipe. J’ai un style vraiment collaboratif. Chez Evol, on travaille en équipe autogérée et on part du principe que la performance ne peut pas être au rendez-vous tant qu’il n’y a pas de bonheur au travail. Et pour être heureux, il faut avoir une certaine indépendance, de l’autonomie. Tout est dans les outils de communication qu’on met en place. On a des points de contact très structurés pour faire en sorte que l’information circule et que tout le monde soit au courant de tout.

Depuis le lancement il y a deux ans de notre enveloppe d’impact de 60 millions de dollars, nous avons octroyé 18 M$ sous forme de prêts à 122 organisations et accompagné près de 4 000 entreprises partout dans la province. Le taux de survie de ces entreprises est de 80 % au bout de cinq ans contre 60 % dans l’ensemble du Québec. – Géraldine Martin

Combien d’entreprises à impact Evol finance-t-elle ?

Depuis le lancement il y a deux ans de notre enveloppe d’impact de 60 millions de dollars, nous avons octroyé 18 M$ sous forme de prêts à 122 organisations et accompagné près de 4 000 entreprises partout dans la province. Le taux de survie de ces entreprises est de 80 % au bout de cinq ans contre 60 % dans l’ensemble du Québec. Nous ciblons six clientèles : les femmes, les immigrants, les personnes racisées, les personnes en situation de handicap, les membres de la communauté autochtone et les membres de la communauté LGBTQ2+. Ces personnes doivent être propriétaires à au moins 25 % de l’entreprise pour qu’on les soutienne.

« Plus une entreprise est engagée en développement durable, plus on réduit son taux d’intérêt. »

Les projets doivent aussi répondre à un ou plusieurs des 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Plus une entreprise est engagée en développement durable, plus on réduit son taux d’intérêt. On va très loin dans ce qu’on offre à nos clientèles. Par exemple, on offre un moratoire sur le capital pendant tout le congé parental. On permet aux immigrants qui ont leur certificat de sélection du Québec (CSQ) mais qui n’ont pas encore leur résidence permanente, d’avoir accès à du financement.

Comment mesure-t-on l’effet positif d’une entreprise sur la société ?

Nos prêts provenant de l’enveloppe d’impact vont de 20 000 à 450 000 $, mais on accorde en moyenne 170 000 $. On croit que l’entrepreneuriat peut faire une véritable différence en matière de développement durable, que chaque geste compte. Dans l’année financière 2022-2023, nous avons octroyé 10,1 M$ de prêts. Cette somme a permis de générer 32,1 M$ en investissements supplémentaires, ainsi que la création et le maintien de 843 emplois. On mesure la portée en termes de retombées financières, mais chaque projet a été sélectionné en fonction d’une action de développement durable. L’entreprise peut par exemple s’inscrire dans l’économie circulaire, comme une entreprise de vêtements qui utilise ses retailles.

 

Des entreprises financées par Evol

Le Marché des Saveurs Gaspésiennes (épicerie)

Technologies Ecofixe (traitement des eaux)

Élance (plateforme spécialisée en DEI)

Malterre (agroalimentaire)

 

 
Émilie Laperrière