Finance durable: un atout pour les investisseurs
10 octobre 2023
Investissements, prêts : les entreprises financent la croissance et leurs opérations par différents véhicules financiers. Sur le marché des capitaux, la décision de prêter, d’emprunter ou d’investir repose traditionnellement sur l’évaluation du risque, le taux d’intérêt ou le taux de rendement. Cette approche, très axée sur les chiffres, est en évolution. Charles-Édouard Carrier en discute avec Fannie Pelletier, qui vient d’être nommée ambassadrice du dévoilement de la stratégie ESG à l’Ordre des CPA du Québec, et Jacques Deforges, directeur général de Finance Montréal.
Les femmes ont elles une place plus importante dans la finance durable? D’ici la fin de l’année, Finance Montréal publiera une analyse de l’industrie de la finance pour mesurer le degré de diversité et d’inclusion dans le secteur.
Voir les chiffres autrement
Diplômée en finances, comptable, dirigeante de PME pendant 20 ans et aujourd’hui consultante et associée-conseil chez Addendum, la CPA Fannie Pelletier est retournée sur les bancs d’école pour décrocher un diplôme de deuxième cycle en développement durable à HEC Montréal et une spécialisation ESG décernée par le Corporate Finance Institute. C’est parce qu’elle avait envie de regarder la performance d’une organisation d’un point de vue extrafinancier qu’elle a pris le virage : « On connaît les états financiers et la rentabilité, mais le cadre ESG permet d’évaluer la performance EXTRA-financière d’une organisation de façon plus large, en considérant toutes les sphères. » Les investisseurs analysent maintenant les critères ESG dans leur prise de décision.
« On connaît les états financiers et la rentabilité, mais le cadre ESG permet d’évaluer la performance EXTRA-financière d’une organisation de façon plus large, en considérant toutes les sphères. » – Fannie Pelletier, ambassadrice de la stratégie ESG à l’Ordre des CPA du Québec
Cette transition vers la finance durable, avec la prise en compte des effets positifs sur la société et les générations futures, est de plus en plus documentée. Une tendance qui promet de bousculer l’écosystème de reddition de compte. En ajoutant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, il faudra s’habituer à mesurer la performance au-delà du cadre de rentabilité tel qu’on le connaît aujourd’hui. Comme ambassadrice de la stratégie ESG à l’Ordre des CPA du Québec, Fannie Pelletier prend position : « Nous devons profiter de la situation pour jouer un rôle d’influence dans les organisations, dépasser la reddition de compte traditionnelle. Ce n’est pas une mode, on n’a tout simplement pas le choix de se tourner vers ça. »
Des références et des cheffes de file
Pour Jacques Deforges, directeur général de Finance Montréal, cette transition vient redéfinir la façon avec laquelle travaillent les financiers : « La finance durable vient d’une analyse globale de la société, de l’économie, du réchauffement climatique ou des mouvements sociaux comme facteurs d’élévation du risque. L’analyse permet une décision d’investissement plus documentée. Dans quelques années, on ne parlera plus de finance durable, ce sera la finance tout simplement. Ce sera intégré. » Lors de la COP15 de 2022, « le ministère des Finances du Québec et le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs ont mandaté Finance Montréal pour réaliser la première feuille de route en finance durable pour le Québec, rappelle Jacques Deforges. Le plan servira à positionner Montréal comme un hub en finance durable. » Selon Finance Montréal, il s’agirait du premier exercice de ce genre à être demandé par un gouvernement en Amérique du Nord. D’ici la fin de l’année, Finance Montréal publiera une analyse de l’industrie de la finance pour mesurer le degré de diversité et d’inclusion dans le secteur : « Ça nous donnera une base de référence », avance Jacques Deforges. Il n’y a pas d’étude empirique qui analyse la contribution et l’engagement des femmes en matière d’investissement responsable, mais tout porte à croire qu’elles sont à l’avant-garde dans ce changement de paradigme. Le Québec compte plusieurs grandes leaders pionnières en la matière, comme l’énumère Jacques Deforges : Janie Béïque, présidente directrice générale du Fonds de solidarité FTQ, Isabelle Hudon à la tête de BDC, Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe, Québec, à la CDPQ, Deborah Orida, qui a pris la tête de PSP Investments en septembre 2022 ou encore Geneviève Morin, présidente-directrice générale de Fondaction.