Info : l'intérêt se confirme
12 mars 2024
Télé, radio, journaux: personne n’est épargné par l’actuelle crise des médias. Dans le secteur de la presse écrite, les médias régionaux bataillent ferme pour assurer leur pérennité, avec ou sans papier. Et le soutien des lecteurs, loin d’être acquis, est essentiel, estiment trois dirigeantes d’entreprises médiatiques régionales.
Marie-France Létourneau
«Il faut que la population nous suive et qu’il y ait une prise de conscience dans les communautés sur l’importance d’avoir des médias régionaux», estime la directrice générale des Coops de l’information, Geneviève Rossier. Selon elle, les récentes démissions d’élus municipaux et de certaines mairesses ne sont qu’un des exemples tirés de l’actualité qui démontrent l’importance d’avoir «une presse indépendante forte» dans toutes les régions du Québec. Organisme à but non lucratif, Les Coops de l’information regroupent Le Soleil, de Québec; Le Droit, d’Ottawa-Gatineau; Le Nouvelliste, de Trois-Rivières; Le Quotidien, de Saguenay; La Tribune, de Sherbrooke; La Voix de l’Est, de Granby, ainsi que Les As de l’info. Quatre des sept salles de rédaction sont dirigées par des femmes.
Un intérêt pour l’info
Ces médias régionaux ont finalisé la transition numérique à la fin de l’année 2023 et abandonné la parution sur papier. Les indicateurs sont au vert à la suite de ce virage majeur, confirme Geneviève Rossier, qui a occupé plusieurs postes de direction à la Société Radio-Canada et à La Presse canadienne. Les données des abonnements aux plateformes numériques, des ventes publicitaires, ainsi que celles portant sur la fréquentation des sites internet des différents médias sont positives, confirme la dirigeante.
Le papier toujours important
Si le discours est similaire sur l’importance cruciale du soutien des lecteurs, la situation est différente pour The Record, le plus petit quotidien anglophone au Québec, de même que pour l’hebdomadaire Le Canada Français, qui soufflera ses 164 bougies.
Le premier est présent dans les Cantons-de-l’Est depuis 127 ans, et le second à Saint-Jean-sur-Richelieu et la région du Haut-Richelieu. Les deux médias centenaires sont très enracinés dans leur communauté. Bien qu’ils soient présents sur le Web, abandonner leurs éditions papier n’est pas une option. La crise des médias les a cependant incités à être plus créatifs, entre autres en matière d’offre publicitaire, affirme la rédactrice en chef du Canada Français, Stéphanie Mac Farlane, également présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, section Montérégie.
L’hebdomadaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, vendu en kiosque et par abonnement, est dans le giron du groupe Icimedias. Sa situation est néanmoins unique au sein du groupe. D’autres hebdos gratuits ont dû, avec la fin annoncée du Publisac, réviser leur mode de distribution et revoir à la baisse le nombre d’éditions imprimées. La pertinence des médias régionaux repose sur leur couverture de l’actualité locale, voire «hyperlocale», estime Sharon Mc Cully, l’éditrice du journal The Record. Celui-ci continue à être imprimé à 2000 exemplaires quotidiennement, du lundi au vendredi. «Ce n’est pas un gros journal, dit-elle, mais il est important pour la population anglophone de l’Estrie, comptant beaucoup d’aînés.»