Réseaux sociaux: une voie d’avenir pour l’info


13 février 2024 - MSN, Facebook, Instagram, WhatsApp, TikTok. Depuis le début des années 2000, les plateformes interactives se succèdent et ne se ressemblent pas. Ces réseaux numériques permettent à plusieurs millions d’utilisateurs d’échanger, de se renseigner, de s’informer et de se divertir.

Francis Gosselin

Sur Facebook, la plateforme principale de Meta, plus de trois milliards d’utilisateurs se connectent quotidiennement. Certains de ces utilisateurs se connectent aussi à WhatsApp et Instagram, des plateformes qui exploitent chacune deux milliards de comptes.

Un article publié par La Presse canadienne le 7 janvier 2024 analyse les réponses à un sondage mené par Ipsos pour Google. Selon cette étude, le propriétaire canadien moyen de téléphone intelligent estime passer près de huit heures de son temps libre chaque jour devant l’un des multiples écrans qu’il possède. Ainsi, seulement 14% de cette interaction avec les médias se fait sans écran – que ce soit l’écoute de la radio, la lecture d’un journal imprimé, d’un magazine ou d’un livre.

Il y a plus d’un an, des groupes d’intérêt canadiens ont témoigné au Sénat pour réclamer une part des revenus publicitaires engrangés par la plateforme qui relaye aussi les nouvelles des médias d’ici. Le projet de loi C‑18 visait à renforcer la position de ces médias face à la prolifération des «contenus» en tout genre qui mobilise la bande passante des usagers. Résultat, la page Facebook du journal Le Devoir (550 000 abonnés) est devenue inaccessible sur la plateforme, de même que celle du journal numérique La Presse+ (744 000 abonnés). Si l’action de l’empire Meta a grimpé de 109% l’an dernier, l’avenir de ce type de modèle de diffusion reste incertain en ce qui concerne les nouvelles d’information.

Car la diffusion d’information et de contenus culturels, artistiques, ou de divertissement et style de vie, comme et tout ce qui est lié au secteur de la mode, est aussi touchée par la baisse de popularité de réseaux comme Facebook ou Instagram: «Les gens ont une overdose de tout ce négatif qui ressort des réseaux sociaux et de la place que ça occupe dans nos têtes», avance Amélie Martin, stratège à l’agence Cartier. Ce n’est pas tout: «Plusieurs de nos clients ont désormais une politique zéro réseaux sociaux, ce qui pose un défi particulier pour les agences», poursuit la professionnelle des relations publiques. D’autres défis s’ajoutent: en l’absence de cadre réglementaire et éthique sur la toile, des plateformes comme Twitter/X ou TikTok sont soupçonnées d’exploiter les données personnelles des utilisateurs à mauvais escient

Les paysages médiatiques se transforment et la diffusion est un enjeu prioritaire. Qu’on se le dise, la tendance est à la fragmentation.

Des tendances dans l’univers des réseaux numériques

Selon l’OQLF, un réseau social est une communauté d’internautes reliés entre eux par des liens amicaux ou professionnels, regroupés ou non par secteurs d’activité, qui favorise l’interaction sociale, la création et le partage d’informations. Catalina Briceno enseigne à l’École des médias de l’UQAM. Elle aussi associée à la Société des demains, un cabinet-conseil qui se spécialise dans l’analyse des tendances dans le domaine des médias et des contenus numériques. Pour cette professeure, les espaces très publics comme X, Facebook ou Instagram ont engendré une certaine lassitude. On y trouve des gens «proches» avec qui on ne peut discuter d’information: une tante, une amie du secondaire, un voisin. Ces réseaux ont aussi graduellement ouvert la porte à toutes sortes de pratiques, comme la désinformation ou la manipulation. «De plus en plus, les internautes souhaitent communiquer, débattre et échanger avec des petits groupes constitués de gens qu’ils connaissent», explique Catalina Briceno. C’est pourquoi la «filière» des messageries privées comme WhatsApp, Messenger, voire Telegram et Snapchat, a connu une popularité croissante ces dernières années.

Et dans la diffusion de l’information

Moins de kiosques à journaux, des fermetures de médias généralistes, des coopératives, des OSBL, mais aussi des réorganisations. Au Québec, les médias se transforment et la diffusion est un enjeu prioritaire. Qu’on se le dise, la tendance est à la fragmentation. Si les grands joueurs restent, en nombres absolus dominants, une pléthore de réseaux sociaux spécialisés continue d’attirer et de retenir des communautés d’intérêts distinctes. Reddit, Substack ou Discord: ces nouvelles plateformes regroupent des groupes d’utilisateurs plus restreints que Facebook ou Instagram, avec pour effet l’apparition de sous-cultures qui ont des codes et des intérêts spécifiques. Pour Amélie Martin, de l’agence Cartier, les usagers, comme les marques, recherchent «de réelles connexions», ce que les vastes réseaux sociaux de la dernière décennie ont initialement su fabriquer, avant de les rendre pratiquement impossibles. La popularité de plateformes hybrides, à cheval entre média social et média de diffusion, va augmenter, avance Catalina Briceno.

 

Les plateformes qui comptent le plus de comptes d’utilisateurs

Facebook : 3 milliards de comptes

Youtube : 2,4 milliards de comptes

WhatsApp : 2 milliards de comptes d’utilisateurs

Instagram : 2 milliards de comptes d’utilisateurs

TikTok : 1,5 milliard de comptes d’utilisateurs

En hausse :

WeChat : 1,4 milliard de comptes d’utilisateurs

 


 
Francis Gosselin