Ribozome: une jeune entreprise prometteuse
13 juin 2023 - Ribozome vient tout juste de remporter trois prix en entrepreneuriat et agroalimentaire. Avec la production d’insectes comestibles, cette jeune pousse de Saint-Nazaire, au Saguenay–Lac-Saint-Jean est promise à un brillant avenir. Isabelle Maréchal a rencontré sa directrice scientifique et co-actionnaire, Jennifer Larouche.
Jennifer l’avoue d’entrée de jeu : malgré son diplôme en biologie, elle ne connaissait pas grand-chose aux insectes avant son stage d’été en 2016 au sein d’un laboratoire qui nourrissait des truites arc-en-ciel avec des croquettes d’insectes pour tester leur digestibilité. « J’ai découvert les qualités nutritionnelles des insectes et surtout leur impact environnemental nettement moindre que celui des protéines traditionnelles. Leur élevage vertical requiert moins d’eau et de nourriture et génère moins de GES. C’est là que j’ai eu la piqûre pour les insectes. » Si bien que la jeune biologiste de 29 ans en a fait sa spécialisation. Après une maîtrise en science animale axée sur la transformation des insectes, Jennifer croise la route de Dany Fortin, fondateur de Ribozome, qui l’engage comme consultante pour valider son plan d’affaires.
« Je ne me serais pas lancée seule. Ça m’avait l’air impressionnant de partir un projet d’entreprise. Il y a tant de choses que je ne connaissais pas. Il me manquait la petite poussée. En même temps, je crois que j’ai de bonnes idées et une vision claire du marché à développer. Avec Dany comme partenaire d’affaires, je me sens en confiance. On est justement en train de finaliser notre convention d’actionnaire. » Jennifer a de grandes ambitions pour Ribozome, qui lancera en juin son site Web transactionnel. Un projet d’usine de plusieurs tonnes de production annuelle est dans les cartons pour 2024. Pour le moment, la jeune pousse élève et commercialise des ténébrions meuniers sous forme de poudre pour la consommation humaine et de vers de farine séchés pour les animaleries. Le marché de la consommation d’insectes, qu’on appelle aussi l’entomophagie, est prometteur. Jennifer est convaincue qu’elle peut démocratiser le produit pour en faire un ingrédient fonctionnel, nutritif et écoresponsable, attrayant et comestible par tous. Elle rappelle qu’une seule cuillère à soupe de poudre de ténébrion contient 4 g de protéines.
« Selon un sondage du Conseil de la transformation alimentaire du Québec, le CTAQ, au moins 30 % des Québécois goûteraient des produits à base d’insectes. Et 90 % des gens y goûteraient à nouveau. »
Jennifer Larouche est très impliquée dans son industrie, notamment au sein de la Table filière des insectes comestibles du Québec en production et transformation. « J’ai eu l’occasion d’organiser une dégustation de trois jours à Québec dans le cadre de l’événement international Feed the World : 12 000 personnes ont goûté à des recettes à base d’insectes de chefs réputés comme Jean Soulard et Sébastien Rémillard. Une trentaine de producteurs d’insectes du Québec ont fait goûter leurs produits. Le secteur connaît une croissance de 30 % par an.