Empathie: une valeur en hausse


12 octobre 2023

Prendre une pause pour s’occuper d’un proche malade, permettre à un conjoint ou une conjointe de gravir des échelons ou consacrer davantage de temps à la famille : ces choix, souvent motivés par une approche empathique, sont aussi le reflet d’une échelle de valeurs qui tend à changer dans les codes du monde du travail.

Charles-Édouard Carrier

Selon les plus récents chiffres de l’Institut de la statistique du Québec, 57,5 % des proches aidants sont des femmes. Bien que cela ne représente qu’un exemple de ce qui peut être associé à un comportement empathique, de nombreuses mères et conjointes cherchent un équilibre entre leur carrière et leur vie personnelle, car les attentes sont encore grandes à l’égard des rôles sociaux traditionnels.

« Difficile de ne pas être empathique si on a des enfants, des employés ou des parents vieillissants » - Adèle Pilote-Babin

Les résultats de plusieurs études en psychologie démontrent que les personnes empathiques peuvent faire face à de l’épuisement émotionnel, avoir de la difficulté à établir des limites ou à prendre des décisions éclairées lorsque la capacité à comprendre et à partager les sentiments des autres est trop présente.

En tant que femmes, mères, consœurs, plusieurs sont confrontées à ça. « Difficile de ne pas être empathique si on a des enfants, des employés ou des parents vieillissants », avance Adèle Pilote-Babin, avocate et stratège d’affaires spécialisée en accompagnement des

Selon une étude de EY, 60 % des employés de moins de 30 ans auraient déjà quitté leur emploi parce que leur entreprise ne se souciait pas assez de leur bien être.

En entrevue, l’avocate, coach et entrepreneure, met les choses au clair rapidement : elle-même a fait le choix de l’empathie et s’en porte très bien : « Ça aurait été impensable pour moi de faire une croix sur mes valeurs fondamentales, liées à l’empathie. Je n’aurais pas su trouver l’équilibre et le bonheur autrement. On peut être professionnelle, conserver la vibration et la passion de notre vocation tout en gardant un alignement concret sur nos valeurs. » Dans sa pratique en accompagnement et dans les formations qu’elle donne, Adèle Pilote-Babin rencontre des femmes confrontées à des situations où l’empathie pose un dilemme : soit être empathique et limiter certains aspects professionnels, soit être moins empathique et privilégier la carrière. « Il y a une dichotomie dans le monde des affaires. Les femmes de tête sont appelées à être fortes et performantes. Mais on est tous les jours confrontés à des cultures de milieux qui manquent d’empathie envers la réalité sociale des femmes. »  

L’empathie serait par ailleurs au cœur des attentes professionnelles des nouvelles générations. Dans une étude publiée par EY au printemps à l’occasion de la semaine de la santé mentale, 91 % des employés interrogés mentionnaient que l’empathie en milieu de travail pouvait contribuer à l’amélioration du leadership et à l’établissement de liens de confiance plus forts au sein des équipes. Ce n’est pas tout : entre 55 % et 65 % des répondants issus de la génération Z auraient déjà quitté un emploi parce que leur employeur n’accordait pas suffisamment d’importance à leur bien-être. Qu’on se le dise : l’empathie, le rapport à l’argent et la productivité ne sont pas nécessairement incompatibles.

 
Charles-Édouard Carrier