Flambée des prix: l'avis de Diane Bellemare


10 octobre 2023

À la fin du mois d’octobre, les dirigeants de la Banque du Canada vont se prononcer sur le taux directeur. Plusieurs spécialistes pensent que la Banque pourrait à nouveau augmenter le taux directeur, qui est en ce moment à 5 %. Comme lors de la dernière annonce en septembre, on peut s’attendre à ce que la classe politique fasse pression. Sénatrice et économiste, Diane Bellemare a déposé un projet de loi à la fin du mois dernier pour alimenter une réflexion sur le rôle de la banque.

Marc-André Leclerc

Diane Bellemare a été nommée sénatrice en 2012. Elle a été professeure d’économie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et exercé une longue carrière à titre de présidente de la Commission des partenaires du marché du travail, d’économiste en chef du conseil du patronat du Québec et de chercheure associée au Centre de recherche interuniversitaire (CIRANO) basé à Montréal. La sénatrice pense que les pratiques de la Banque ont évolué dans le temps et que le contexte économique se prête à davantage de concertation.

La hausse du taux directeur touche directement les taux hypothécaires, qui jouent un rôle très important sur l’inflation.

Dans son projet de loi S-275 modifiant la Loi sur la Banque du Canada (mandat, gouvernance de la politique monétaire et reddition de comptes), la sénatrice recommande la mise sur pied d’un comité d’experts pour alimenter la réflexion sur la politique monétaire afin de guider et d’évaluer les décisions prises par la Banque dans le cadre de son mandat. « Ce comité indépendant d’experts externes à la Banque pourrait témoigner que la coordination fiscale et monétaire ne relève pas de partisanerie ou de jeu politique. »

« compte tenu du taux d’inflation, la politique monétaire du Canada est très restrictive. Si on élimine les effets des taux hypothécaires et des loyers, on n’est pas loin de notre cible de 2,6 % » - Diane Bellemare, sénatrice et économiste

Actuellement, la hausse du taux directeur touche directement les taux hypothécaires, qui jouent un rôle très important sur l’inflation. Lorsqu’elle a présenté son projet de loi au Sénat, le 26 septembre dernier, la sénatrice a fait remarquer que « compte tenu du taux d’inflation, la politique monétaire du Canada est très restrictive. Si on élimine les effets des taux hypothécaires et des loyers, on n’est pas loin de notre cible de 2,6 %. Il fut un temps où le taux cible de l’inflation se situait entre 1 % et 3 %, et on avait une certaine flexibilité. »

Pour la sénatrice, l’effet d’entraînement du taux directeur sur les taux hypothécaires a des répercussions sociales, tant sur l’accès au logement que sur le ralentissement de projets d’infrastructures ou de construction. « Actuellement, puisque nous sommes plus sévères et que nous y sommes allés très rapidement avec la hausse des taux d’intérêt, plusieurs projets d’investissement ne se sont pas concrétisés. Nous n’accélérons pas notre transition vers une économie verte. » Pour Diane Bellemare, si le gouvernement fixe la politique monétaire du pays, le taux directeur ne devrait pas être le seul outil pour réguler l’activité économique et l’inflation. Le comité jouerait donc un rôle pour alimenter la réflexion sur les décisions de la Banque.

 

 

 
Marc-André Leclerc