La parité en politique, une lutte qui ne peut être laissée au hasard

 

Mardi 11 Mai 2021

Profiter de la réforme du mode de scrutin pour encadrer la parité hommes-femmes en politique? C’est le pari qu’a fait l’Assemblée nationale en déposant le projet de loi 39 à l’automne 2019. Un an et demi plus tard, ce vaste projet de loi tarde à être adopté et les groupes féministes qui voyaient là une percée commencent à taper du pied.

Marie-Ève Arsenault


L’organisme Groupe femmes, politique et démocratie (GFPD) plaide pour l’adoption des articles sur la parité « qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du projet de loi » d’ici les prochaines élections provinciales en 2022.

« [Les articles] ne sont pas dépendants de la réforme. Ils peuvent très bien être sortis du projet de loi et adoptés à part », a fait valoir la présidente du GFPD, Thérèse Mailloux, en marge de l’événement En marche pour la parité, lancé le 20 avril dernier.

Le projet de loi 39, qui fait 92 pages, transformerait la démocratie au Québec et pourrait donner lieu à moins de gouvernements majoritaires. Les articles de loi sur la parité visent à obliger tout chef de parti politique à rendre des comptes, avant et après une élection, sur ses objectifs et ses résultats en matière de représentativité hommes-femmes. « Ce n’est qu’une toute petite disposition à l’intérieur d’un très gros changement, voyez-vous », a souligné Mme Mailloux en entrevue avec Premières en affaires.

Le Parti libéral du Québec, qui s’oppose au projet de loi 39, et la formation Québec solidaire, ont tous deux réclamé la considération des dispositions indépendamment de la réforme du mode de scrutin. La Coalition avenir Québec, qui forme un gouvernement majoritaire, nourrit toujours quant à elle l’espoir de faire adopter le projet dans son ensemble, mais elle se garde toutefois bien de se précipiter. 

Le débat en vue de l'adoption du projet a été reporté au moins jusqu'à l’automne 2021. Même si l'Assemblée nationale donnait le feu vert aux changements, ceux-ci ne pourraient entrer en vigueur qu’aux élections de 2026, puisque le projet de loi dans sa mouture actuelle doit être soumis à un référendum lors d'un scrutin provincial. 

Les prochaines élections sont prévues pour l'automne 2022. Thérèse Mailloux entend donc faire pression au cours des prochains mois pour que les dispositions sur la parité soient mises en application dès que possible. « Une campagne électorale, ça se prépare à l’avance. Les partis vont commencer à chercher des candidats pour la prochaine élection en janvier, peut-être même à l’automne, alors ça s’en vient vite », a-t-elle rappelé.

Reste que de telles mesures n’avaient jamais été inscrites noir sur blanc auparavant, ce qui fait « toute la différence entre quelque chose qui est déjà concrétisé, et quelque chose qui ne l’est pas encore », a souligné Mme Mailloux avec optimisme.

Le Québec fait d'ailleurs bonne figure sur le plan de la parité à l’échelle internationale, alors que 44 % des élus provinciaux sont des femmes. Si la Belle Province était un pays, elle serait au 15e rang sur 192 du classement de l’ONU, largement devant le Canada, qui figure au 53e rang mondial.

« Ce n’est pas une progression linéaire, a cependant mis en garde Mme Mailloux en entrevue. Si on laisse ça au hasard, on ne sait pas ce qui peut advenir », a-t-elle ajouté, tout en rappelant les écarts que la pandémie de COVID-19 a creusés sur le marché du travail.

 
 

Vous avez aimé cet article? Vous pouvez vous abonner pour nous aider à remplir notre mission. Chaque geste compte!