« Union Libre » : la famille sans engagement


Mise à jour le 20 décembre 2023

12 décembre 2023 - Au cours des dernières décennies, la vie en solo gagne en popularité. Selon les chiffres dévoilés en 2021 par l’Institut de la statistique du Québec, 57 % des hommes et 55 % des femmes vivaient en couple, comparativement à 60 % et 57 % en 1981. On apprend que moins d’hommes et de femmes vivent en couple et que la tendance est inversée aux âges plus avancés. C’est plus d’une personne sur cinq qui vit seule à Montréal et dans la Capitale-Nationale. Et si une famille sur quatre au Québec est monoparentale, 76 % d’entre elles sont dirigées par des femmes. Une asymétrie qui compte.

Charles Édouard Carrier 

Aujourd’hui, on estime qu’une personne seule dépense 70 % du coût de la vie d’un couple. Pour contrer ce déséquilibre, il faut user d’ingéniosité et surtout, savoir lire les chiffres : « Toute planification financière doit partir d’un budget et d’un bilan financier. C’est d’autant plus vrai pour une personne seule ou une famille monoparentale. En plus des dépenses, il y a une pression pour dégager de l’épargne, protéger ce qu’on a maintenant et prévoir un fond d’urgence », détaille Étienne Chaput, planificateur financier de Desjardins. De 2001 à 2021, le nombre de ménages composés de colocataires a augmenté de 54 % au pays. Statistique Canada

Les choix d’épargne et de placement ne sont pas les mêmes pour les gens seuls que pour les couples. Par exemple, quelqu’un qui avait 18 ans en 2009 (donc qui était admissible à cotiser à un CELI) a le droit de mettre 88 000 $ dans un placement à l’abri de l’impôt. En couple, c’est 176 000 $ que l’on peut ainsi faire fructifier sans alourdir son fardeau fiscal. « C’est un exemple où l’on double le plafond admissible, alors que les dépenses sont communes », illustre le planificateur. Le même raisonnement s’applique au REER dont le montant admissible est fixé à 18 % du revenu par personne et donc doublé en couple. C’est dire que ce qui favorise l’épargne retraite, le REER ou le CELI, est à moitié moins favorable pour une personne seule qui devra, en plus, générer un revenu équivalent à 70 % de celui d’un couple pour le même niveau de vie.

 En 2021, au Québec, 76 % des familles monoparentales sont dirigées par des femmes.

Alors que la montée des taux d’intérêt a secoué le marché de l’immobilier, est-ce qu’une personne seule, avec un salaire moyen, doit faire une croix sur son désir de devenir propriétaire ? Le planificateur financier reste prudent : « Lors d’une première rencontre, on fait le bilan financier, on établit un budget et on essaie de voir quelles sont les attentes de la personne. Une maison ? Un condo ? Dans quelle région ? Etc. On voit ensuite ce qui est possible, comment on peut s’en approcher le plus possible. » Entrent alors en jeu des régimes et programmes d’accès à la propriété comme le RAP ou encore le nouveau CELIAPP, qui permet d’épargner puis de retirer un montant sans conséquence fiscale pour une première propriété. C’est pour cette raison que certaines personnes seules ou en famille monoparentale choisiront la colocation, à loyer ou propriétaire, pour alléger le portefeuille. En effet, selon des données dévoilées par La Presse, de 2001 à 2021, le nombre de ménages composés de colocataires a augmenté de 54 % au pays.

 

 
Charles-Édouard Carrier