Communication corporative: l'avis de Manon Goudreault


Manon Goudreault est présidente de l’AC2C. Elle donne des formations à l’Agence Plurielles.

12 septembre 2023

Crise climatique : au-delà du mot « impact »

Cet été, alors que je passais un mois en Grèce avec ma famille, j’ai été aux premières loges pour observer la portée de la crise climatique. La tempête tropicale Idalia dans le golfe du Mexique, les incendies destructeurs en Amérique du Nord et en Grèce et les records de températures en Méditerranée ont tous confirmé une réalité troublante : nous avons franchi un point de non-retour climatique. Loin d’être des événements isolés, ces catastrophes sont désormais des risques tangibles qui affectent directement la viabilité financière des organisations.

Bienvenue dans une nouvelle ère où la crise climatique transcende l’écoblanchiment et les préoccupations superficielles de paraître « écoresponsable » dans un rapport annuel. Le changement climatique n’est plus un chapitre que l’on feuillette dans le bilan de durabilité de fin d’année ; il est désormais un indicateur clé de performance (KPI) qui pèse lourdement sur la rentabilité, la réputation et la pérennité des organisations.

Dans un contexte où chaque degré Celsius supplémentaire pourrait réduire les taux de croissance économique de 1,1 %, la crise climatique n’est plus seulement une question environnementale. Elle est devenue un risque économique et social majeur qui affecte directement la productivité et le chiffre d’affaires des entreprises. L’écoblanchiment, ou l’action de se présenter faussement comme écoresponsable, est non seulement contraire à l’éthique, mais également une stratégie à courte vue. Les entreprises doivent intégrer ces réalités climatiques dans leur planification financière et opérationnelle pour éviter des perturbations majeures ou même leur obsolescence. 

Le pouvoir de l’impact authentique : au-delà des mots creux

Chez dada, nous pensons que la communication joue un rôle essentiel dans la manière dont les entreprises sont perçues par le public. Un terme est devenu particulièrement révélateur de cette ère de communication : « l’impact ». Utilisé à profusion, il évoque des images de progrès positifs et de changements bénéfiques pour l’environnement et la société. Pourtant, derrière le concept se cache parfois une réalité pas mal moins édifiante. Nombreuses sont les entreprises qui adoptent le terme « impact » dans leurs stratégies de communication pour se donner une aura de responsabilité environnementale et sociale. Toutefois, il est crucial de distinguer l’impact authentique et l’écoblanchiment. Certaines entreprises succombent à la tentation de capitaliser sur les préoccupations croissantes du public en matière d’environnement et de responsabilité sociale, sans pour autant mettre en place des actions concrètes.

Les spécialistes de la communication stratégique et créative jouent un rôle crucial puisque nous avons le devoir d’accompagner les entreprises à comprendre que l’écoblanchiment ne sert pas seulement à berner le public, mais qu’il nuit également à l’entreprise elle-même à long terme. Les entreprises doivent aligner leurs stratégies de communication sur des actions tangibles. Au bout du compte, le véritable impact découle de la sincérité, de l’engagement et de l’investissement parce que les beaux mots sans action ne sont plus une option. Le changement climatique est là, les feux ne sont toujours pas éteints, la température n’est pas près de baisser et beaucoup d’écosystèmes sont bouleversés. Le statu quo est révolu et il est temps de passer à l’action, bien au-delà des beaux mots.

Diversité: les mots pour le dire

13 juin 2023 - Il y a 13 ans, à une époque où moins de 5 % des agences étaient fondées et présidées par des femmes, ce fut un défi de taille que de créer dada. Pourtant, avec passion et détermination, j’ai transformé ce qui n’était alors qu’un rêve en une réalité tangible et réussie. En connaissance de cause, nous comprenons l’importance de la lutte contre les discriminations. C’est pourquoi nous plaçons cette question au centre de nos préoccupations, car c’est en déconstruisant les préjugés que nous construisons une société plus équitable.

Une réalité qui nous poursuit

Récemment, un client nous a décrits comme « trop franchouillards » lors d’un atelier stratégique. Pas assez « queb », selon lui. Parmi les six personnes présentes ce jour-là, cinq n’étaient pas nées au Québec. Certaines ont adopté cette belle province depuis près de deux décennies, d’autres un peu moins. Elles ont tissé des liens forts avec des « Québécois et Québécoises de souche », fondé des familles ici. Pour elles, le Québec n’est pas seulement leur lieu de résidence, il est leur foyer, un choix du cœur. Loin de nous déstabiliser, ce commentaire nous a renforcés dans notre conviction : la diversité est une richesse pour notre identité collective et individuelle, mais il y a encore du chemin à faire.

Nous nous sommes posé la question : Qu’est-ce qu’un Québ ? Est-ce une question d’accent ? Un goût immodéré pour la poutine ? Ou est-ce un lien plus profond, un sentiment d’appartenance à une communauté, une culture, un peuple ? Chez dada, nous penchons résolument pour la dernière proposition. Être Québ, c’est bien plus que des clichés. C’est l’acceptation et le respect de la diversité sous toutes ses formes. C’est l’embrassement d’une culture unique tout en s’enrichissant d’influences du monde entier.

La vraie richesse de la culture québécoise

Nous vivons dans un monde où l’on tente trop souvent de nous mettre dans des cases, nous assigner des étiquettes. Être Québécois et Québécoise est souvent réduit à l’expression « pure laine », une phrase qui, à notre avis, manque de sens. Le Québec est une terre d’immigrants et d’immigrantes. La culture québécoise est riche précisément parce qu’elle s’inspire des cultures du monde entier. La gigue provient de l’Irlande, le rap nous vient de la France, de l’Angleterre et des États-Unis, notre cuisine traditionnelle est un mélange d’héritages de la France et de l’Angleterre. Mais surtout, la gastronomie du Québec est le résultat de la fusion des cuisines du monde entier.

C’est cette fusion culturelle qui fait de nous des Québ. Nous embrassons notre passé tout en construisant notre avenir, nous faisons fi des clichés tout en célébrant nos particularités. Le Québec n’est pas juste un endroit sur une carte, c’est un état d’esprit, une ouverture vers l’autre, un brassage d’influences qui nous permet d’évoluer sans cesse. C’est dans cette ouverture d’esprit et cette acceptation de la richesse collective que nous évoluerons comme société et que nous continuerons d’attirer les meilleurs talents, les meilleurs citoyens et citoyennes et les meilleures entreprises de partout à travers le monde. Pour que le Québec reste un terreau fertile reconnu pour sa créativité.

 

La marque employeur pas à pas

16 mai 2023 - Nous le savons, les organisations cherchent constamment à améliorer leur performance et se démarquer. Pour ce faire, il est crucial de miser sur l'expérience offerte aux employé·es, aux client·es ainsi qu’à l’ensemble de la société pour assurer une réconciliation réussie. 

Actuellement, la gestion des expériences est souvent fragmentée entre les RH, le marketing et les communications. Cette approche en silos doit évoluer, surtout en période de pénurie de talents. Plutôt que de se concentrer sur une marque employeur, les organisations doivent viser la réconciliation de leurs différentes expériences. 

La gestion des expériences est souvent fragmentée entre les RH, le marketing et les communications. Pour conserver les talents, il faut réconcilier les messages et miser sur l’expérience.

Pourquoi investir dans l’expérience? Investir dans l'expérience employé·e, client·e et corporative citoyenne est essentiel pour la réussite des organisations. Cela mène à une rentabilité accrue, une croissance des revenus, l'attraction et rétention des meilleurs talents, et la fidélisation des clients. Adopter des pratiques durables et éthiques renforce la confiance des parties prenantes. Cependant, il est crucial que les entreprises adoptent une approche cohérente pour intégrer ces expériences, car la fragmentation des efforts peut nuire à leur performance globale. Les entreprises intégrant efficacement l'expérience employé.e et client (ainsi que l'expérience corporative citoyenne) profitent d'une meilleure performance et satisfaction des parties prenantes. Elles enregistrent une croissance des revenus 4 fois supérieure, une rentabilité 2 fois supérieure, une augmentation de 10 à 15% du chiffre d'affaires et une réduction des coûts de service client de 15 à 20%. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Alors, pourquoi continuer à faire les choses en silo? Peut-être parce qu'historiquement, elles ont toujours été prises individuellement. Réconcilier les expériences est la clé pour assurer croissance et rentabilité optimales, malgré les structures organisationnelles et les responsabilités distinctes. 

Mais alors, par où commencer? 

1. Définir et communiquer la raison d'être, l'ambition et les valeurs de l'organisation, en intégrant les principes d'équité, diversité et inclusion (EDI). 

2. Écouter attentivement les parties prenantes, car 80% des entreprises ayant une forte compréhension de celles-ci connaissent une croissance supérieure à la moyenne. 

3. Se concentrer sur les domaines ayant le plus grand impact, comme l'expérience client sans effort (72% des clients préfèrent ce type d'expérience) et la formation des employé·es (augmente la productivité de 10%). 

4. Mesurer et suivre les progrès de manière globale, en utilisant des indicateurs tels que le taux de rotation des employé·es, la satisfaction des clients, la réputation de la marque, le eNPS et le NPS pour évaluer la performance. 

Quand réconciliation rime avec solution

La réconciliation de l'expérience des employé·es des clients et de la société est un impératif stratégique pour les entreprises modernes. En alignant ces trois aspects, les entreprises peuvent créer une expérience de marque cohérente et unifiée, augmentant ainsi leur performance globale et leur position sur le marché. 

Les entreprises qui investissent dans l'expérience employé·e, l'expérience client et l'expérience corporative citoyenne sont mieux à même d'attirer et de retenir les meilleurs talents, de générer des ventes répétées, de renforcer leur réputation et d'avoir un impact positif sur la société dans son ensemble. 

 
Manon Goudreault